L’hiver battait encore son plein, une brise froide arracha au manteau neigeux un peu de poussière de neige, qui virevolta et s’engouffra par la porte entrouverte dans l’antre des Aventuriers où Amanita venait d’entrer.
Le silence du petit matin était assourdissant, hormis quelques ronflements qui s’élevaient d’un coffre en bois.
Plancton choisit décidément de bien drôles d’endroits pour dormir…
A cette pensée, une vague de nostalgie submergea Amanita.
Tant de bons souvenirs…
Dans cette pièce, partout où elle posait son regard, les souvenirs des bons moments passés avec ses amis lui revenaient. Ici et là, les objets témoins d’une vie remplie de joie et de joyeux compagnons. Un vieux fut de bière orné de poils de barbe rose sur une étagère, un exemplaire de Dinde-Mag’ écorné sur un accoudoir de fauteuil, une flèche à l’empennage bleuté fichée dans le mur, une bandelette qui traine sous la table, un fouet usé jusqu’à la corde…
Elle embrassa cette scène en un regard plein de regret, et se promit de ne jamais oublier ces précieux moments.
La Sadida avait à présent un autre destin à accomplir. Sa voie était tracée depuis toujours, elle s’en était écartée pendant un temps, repoussant le moment du départ autant que possible. Son voyage sur la surface du Monde des Douze touchait à sa fin.
Rassemblant son courage, elle posa son parchemin d’adieu sur la grande table, où dans quelques heures les Aventuriers prendraient leur premier repas de la journée ensemble…
Amanita prit alors la route. Son dernier voyage. Après avoir parcouru plusieurs toises sur le chemin enneigé, elle quitta son sillon, et tourna en direction de la forêt, où elle s’enfonça de plus en plus profond, sans espoir de retour.
Plus tard, les Aventuriers les plus matinaux découvrirent le parchemin :
Cher amis,
J’ai longtemps essayé de retenir ce moment, mais le voilà qui s’impose à moi. Je suis vouée à un destin depuis toujours. Je ne peux malheureusement vous en dire plus, pour votre bien.
Rassurez-vous, je vais bien. Là où je vais, je serai bien aussi.
Je vous aime, mes chers compagnons. Vous me manquerez terriblement, là bas.
Restez joyeux, continuez l’Aventure, buvez toujours sans modération, et que Sadida vous garde.
Sincèrement,
Votre amie, Ama